Enseigner et apprendre : un acte pédagogique

Que nous disent Élise et ses mots-bonbons, Martin et sa perle bleue éclaboussée de sens, Olivier jouant la comédie pour mieux apprendre, et tous les autres élèves rencontrés au fil des leçons et des écoles ? Leur furieux besoin de sens, l’égarement et leur chute au sein des différents délires pédagogiques proposés par l’école ces dernières décennies, la monstruosité de leurs savoir-faire inutiles et inutilisables. Ils nous ont surtout appris que la curiosité insatiable, cœur battant de l’enfance, résiste et insiste, témoignant d’une attente et même d’un désir souvent controversé dans le savoir scolaire.

Mais savoir quoi pour savoir faire quoi ? Le sujet apprenant chevillé aux bancs de l’école devient très vite un esclave – pour ne pas dire un handicapé – de la pensée claire et logique, de même que l’apprenti d’un savoir lisse recourant facilement à l’éclairage artificiel des normes académiques et sociales. Le chemin de l’apprentissage est escarpé, risqué : l’élève, tout comme l’enseignant, ne peut simplement écouter, énoncer et produire. Au cœur des chagrins d’école et des colères d’apprentissage domine encore aujourd’hui un grand vide pédagogique. Deux langages s’affrontent : le langage scolaire et la violence des élèves.

Cette tension se redouble encore puisque dans chaque tentative de communication, d’explication et de transmission du sujet vers l’autre persiste un aveu d’impuissance : « Ce n’est pas tout à fait cela. » Lacan le dit avec force : « On est souvent guidé par des mots auxquels on ne comprend rien…

 

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