Humanisme et terreur
Un petit livre, Humanisme et Terreur, de Maurice Merleau-Ponty vient de donner sa forme précise à la question fondamentale posée en 1948 au monde entier : à savoir qui l’emportera, dans le gouvernement des hommes, de la raison ou de la violence.
Autrefois, la question ne se posait pas de la même façon.
Tout allait de soi dans mon enfance : un homme civilisé était clairement un être de raison et l’histoire, étant la venue au monde, par étapes, d’une humanité civilisée était en même temps le lent mais sûr établissement de la raison.
Ceux qui ne sortirent de l’enfance qu’après la guerre de 14 ne peuvent avoir idée de la bonhomie qui régna auparavant. Les uns pensaient déjà que le monde était bien fait comme il était, c’est-à-dire que la raison en avait dominé la violence. Telle était l’idée commune des conservateurs et des libéraux. Les premiers pensaient à vrai dire que des changements risquaient de réintroduire le désordre, et les seconds — radicaux et socialistes modérés — qu’il fallait éliminer peu à peu — sans violence — ce qui demeurait d’une oppression non fondée en raison.
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