Mieux écouter pour mieux communiquer

Résumé

ENTENDRE l’autre – ou a l’inverse, etre entendu de lui – releve du besoin, et passe par l’ecoute autant que par l’ou?e. Mais l’ou?e ne fait pas l’ecoute, meme si elle fait partie des cinq sens.L’ecoute serait-elle comme le < bon sens >, la < chose du monde, selon Descartes, la mieux > ou la moins ? ? < partagee > ? Serait-elle, ainsi qu’un sixieme sens, le < bon sens >, le sens qui ferait la synthese de tous les sens ?

Pour entendre l?autre et ce qu’il me dit, non seulement j’ouvre mes oreilles a ses paroles, mais le recours aux representations visuelles de mon interlocuteur et de son discours, je sens, comme si je la respirais, la qualite de sa presence, je goute ses propos d’une maniere ou d’une autre, je me laisse plus ou moins toucher par sa voix et ses arguments.

La relation n’existe pas sans l’ecoute. C’est peut-etre pourquoi Il apparait aussi difficile de la pratiquer que d’en traiter. < L’emission l’emporte sur l’ecoute. Nous ne savons pas recevoir >. Elle apparait intimement liee a la complexite meme des relations humaines et traverse toutes les situations duelles ou groupales. Il n’est pas de relation familiale, conjugale, educative, amicale ou professionnelle qui ne connaisse les vicissitudes de la non-ecoute, et qui ne requiere sans cesse l’harmonie d’un climat d’entente.

Dans une societe dite de communications, l’ecoute apparait plus que jamais parasitee ou amplifiee, paralysee ou developpee. D’un cote, l’ambiance collectIve des concentrations urbaines etouffe le calme comme les espaces verts, multiplie les stress sonores, accroit la rumeur des machines et des moteurs. Mais d’un autre cote, la technologie maitrise davantage l’acoustique, et les Installations telephoniques, la radio, la television, decuplent les occasions et les possibilites de s’ecouter entre humains, en reduisant l’espace et le temps.

L’abondance des informations de toutes sortes nous submerge. Mais. par ailleurs, la clinique et la pratique des sciences humaines, dans l’entretien de face a face ou dans l’animation des groupes, rendent l’homme de plus en plus audible pour l’homme; l’ecoute releve de ces sciences et devient de plus en plus un art qui exige des formations specialisees, diverses, continues.

L’ecoute de plus en plus menacee, obliteree par certains facteurs de la vie moderne, devient simultanement de plus en plus prisee, revendiquee, objet de procedures sophistiquees dans de multiples espaces relationnels – qu’il s’agisse d’enquetes, d’aide sociale, de reunions de travail, de psychotherapies ou de rencontres ludiques. On ne saurait ecouter de nos jours, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, en toute innocence.

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